En 2001, j’ai vu un épisode d’Ushuaia Nature intitulé « La vie malgré tout » et se déroulant sur l’altiplano bolivien et chilien. La vue de ces fabuleux paysages minéraux de cette partie du monde a fortement marqué mon esprit, et j’ai depuis ce temps cette destination dans mon collimateur. J’ai commencé sérieusement à préparer un itinéraire pour cette destination pendant l’automne 2009. Début 2010, j’avais 3 personnes prêtes à me suivre.

A 1ère vue, ce type de voyage peut sembler très cher. Une rapide recherche sur le web permet de constater que les prix proposés par les agences de voyages « classiques » sont élevés. Ça peut sembler paradoxal car la Bolivie est le pays le plus pauvre de l’Amérique du Sud. Le Chili lui est plus riche que son voisin, mais pas au point de justifier le prix demandé par certaines agences. Mais organiser un tel voyage sans passer par une agence de voyage est un peu difficile: il est facile de faire des réservation pour La Paz, Uyuni ou San Pedro de Atacama, mais dès veut s’aventurer dans des coins isolés de l’altiplano, c’est beaucoup plus difficile. L’astuce pour voyager à prix raisonnable est de faire appelle à une agence locale, la différence de coût est assez énorme. J’ai choisi de passer par l’agence Alaya. C’est une agence sérieuse qui est tenue par un français résident à La Paz, et leurs prix sont imbattables.

Ce budget correspond à un voyage plutôt haut de gamme, avec un guide privé, un chauffeur privé et des hôtels moyen et haut de gamme (à relativiser selon le standing local cependant). Il faut ensuite rajouter le coût des repas dans les villes. Mais celui ci est négligeable: il est possible de faire un repas pour quelques €. Il ne faut pas sous estimer le coût de l’équipement nécessaire pour un tel voyage si vous n’êtes pas déjà équipés (vêtements chauds, bonnes chaussures, sac de couchage, …), mais c’est un investissement qui servira pour de futurs voyages.

La meilleure période pour se rendre sur l’altiplano est l’hiver austral, i.e l’été sous nos latitudes. L’été austral est appelé là bas invierno altiplánico ou invierno andino: c’est la saison des pluies, hors avec l’altitude, il neige, rendant parfois impraticable certaines pistes. Le salar de Uyuni est lui inondé pendant la saison des pluies, et les 4×4 évitent de s’y rendre à cause de la corrosion causée par le sel. L’hiver est au contraire très sec. Mais il est aussi très froid. Si les températures sont positives en journée au soleil (une dizaine de degrés), les nuits sont elles glaciales. En août, les températures descendent fréquemment sous les -30°C dans la partie de l’altiplano appelée Sud Lipez.

L’aéroport de La Paz se situe à El Alto, à l’altitude de 4061.5 m. Pas terrible pour l’acclimatation. Il peut arriver que certaines personnes se sentent mal à la descente de l’avion, voir fassent un malaise. Heureusement, le centre ville de La Paz n’est « qu’à » 3600m d’altitude. Je conseille d’y passer au moins 2 nuits avant de partir en excursion à des altitudes plus élevées. Ensuite le mieux est de continuer son acclimatation sur les rives du Lac Titicaca (3800m) puis de randonner sur l’Isla del Sol (plusieurs cols à 4000m). Après 4/5 jours à vadrouiller entre 3500 et 4000m d’altitude, une personne en bonne forme physique est normalement prête à partir en excursion sur dans la partie sud de l’altiplano. Selon le parcours choisi, il faut savoir que l’on peut être amené à atteindre des altitudes supérieures à 5000m. un peu de préparation physique avant le départ aide beaucoup, même si elle n’est pas une assurance contre le mal d’altitude (le soroche).

Il n’y a que très peu de routes sur l’altiplano. La plupart du temps, la circulation se fait sur des pistes (en général en bon état coté Chili, plus mauvaises coté Bolivie). Il ne faut pas se fier aux distances mais plutôt raisonner en temps de trajet. Ainsi, une bonne dizaine d’heures est nécessaire pour parcourir les 550km entre Uyuni et La Paz. Il ne faut pas trop compter sur la signalisation routière, elle est quasi inexistante sur les pistes côté Bolivie, et réduite au minimum côté Chili.

Un chauffeur, possédant un 4×4 parfaitement entretenu et connaissant l’altiplano est indispensable. Un bon chauffeur arrivera à se repérer sans GPS, même quand il s’agit d’aller sur un petit bout de terre au milieu d’un salar et qu’il n’ a quasiment aucun repères à l’horizon. il va sans dire qu’il ne faut pas s’aventurer dans ce genre de contrée sans prendre des réserves de carburant, au cas où.

Les normes de confort ne sont pas du tout les mêmes que chez nous. Eau chaude, chauffage et électricité sont un luxe. L’isolation des hôtels est souvent mauvaise. Autant dire que dormir dans une pièce non chauffée, mal isolée, quand dehors il fait -30°C, c’est une épreuve. Beaucoup de d’agences, en dehors des étapes de villes, vous feront dormir dans ce genre d’endroit. Il faut savoir cependant que depuis quelques années, il existe des hôtels plus confortables, alimentés en électricité via des panneaux solaires. Ainsi, même au milieu du désert de Siloli, à 4600m d’altitude, il est possible de prendre une douche chaude, et d’avoir un peu de chauffage en soirée. Mais dormir dans ce genre d’endroit ne dispense pas de prendre avec soit un bon sac de couchage, permettant de dormir par des températures négatives: votre 4×4 peut tomber en panne à des centaines de kilomètre de tout lieu de vie, votre hôtel peut avoir des pannes,… Bref, il faut être très prévoyant.

Une bonne trousse à pharmacie est indispensable. Entre Uyuni et San Pedro de Atacama, vous ne trouverez aucun endroit où acheter des médicaments. Les hôtels pourront parfois vous dépanner pour les trucs les plus courants, mais mieux ne vaut pas trop compter dessus. Sirop, pastilles pour la toux, et paracétamol sont indispensables. Les contrastes des températures sont extrêmes. Dans le 4×4, il fait très chaud, mais il n’est souvent pas possible d’ouvrir les vitres car les pistes sont très poussiéreuses. Mais dehors, même si les températures peuvent dépasser les 10°C, un vent terrible souffle quasiment en permanence. on tombe facilement malade avec ces alternances de chaud/froid. J’ai moi même attrapé un fort rhume en début de voyage, rhume qui ne m’a pas quitter jusqu’à mon retour en France et qui a fini par me faire fêler une côte à force de tousser. Il faut aussi prévoir des médicaments contre les troubles gastriques et ne surtout pas boire de l’eau du robinet. Enfin, ne surtout pas oublier de prendre avec soit une crème solaire à fort indice. A ces altitudes, sous cette latitude, le rayonnement UV est très intense. Il atteint des extrêmes dans les salars: quelques dizaines de minutes sans protection peuvent suffir à provoquer de forts coup de soleil.

Il y a une bonne raison qui pousse les gens à braver les conditions hostiles de l’altiplano et du désert de l’Atacama. Les paysages y sont tout simplement fabuleux. Et pour un photographe, ce genre d’endroit est un paradis. Je suis allé là bas avec mon 450D, mon 11-16 F2.8, mon 17-55 F2.8, mon 55-250 IS (revendu depuis), 2 batteries de secours, des filtres polarisants et neutres, et un gros stock de cartes SD.

Le 11-16m de chez Tokina est un excellent objectif à paysages. C’est le meilleur UGA disponible sur reflex APS-C, et j’ai pu faire de très belles photos là bas grâce à lui. Cependant, il n’est pas toujours facile à maîtriser. A 11m l’angle couvert est gigantesque, et tout paraît minuscule. Il est important alors d’inclure un élement au 1er plan pour meubler le champ, tout en faisant attention aux déformations qu’engendrent les UGA. J’ai trouvé cet objectif très utile pour prendre les lagunas (ces lacs d’altitudes peu profonds qu’on trouve sur l’altiplano) avec au 1er plan l’eau, et aux fond des volcans.

Là où le 11-16 de Tokina se distingue de la concurrence, c’est par son ouverture à 2.8. Pas très utile en journée dans un endroit où il fait toujours soleil, mais si comme moi, vous êtes tenté de faire des photos de nuit, alors là une telle ouverture prends tout son sens. Le désert de l’Atacama est l’endroit le plus aride du monde. Il possède un air totalement sec et est totalement isolé: il bénéficie du ciel le plus pur et le plus sombre de toute la planète. Et la nuit, c’est un vrai spectacle. Il fait tellement noir que la Voie Lactée y projete des ombres. Un bon trépied, un objectif grand angle lumineux, 30 secondes de pause, et à vous les photos de ce ciel sublime. Le résultat vous fera oublier le froid nocture.

Quant au 17-55 F2.8, c’est l’objectif à tout faire. Aussi bon en paysages que pour les photos de groupes et autres scènes. C’est l’objectif que j’ai le plus utilisé pendant ce voyage. Quand les conditions ne permettent pas le changement d’objectif (vent + poussière, ce qui est commun sur l’altiplano) alors c’est ce genre d’objectif qu’il faut d’avoir monté sur son boitier.

Enfin, en complétement de tout ça, un téléobjectif vous permettra de prendre en photo la faune qui, malgré les rudes conditions qui règnent sur l’altiplano, est plutôt abondante.

Il fait froid sur l’altiplano, ce qui décharge les batteries. C’est d’autant plus vrai si vous dormez dans un logement précaire, sans chauffage. Pensez alors à garder les batteries avec vous dans votre duvet la nuit, pour éviter qu’elles se déchargent. Et si vous dormez dans ce genre d’endroit, vous n’aurez sans doute pas accès à l’électricité. Donc soyez prévoyant sur le nombre de batteries. Tout comme sur le nombre de cartes mémoire. Dans de tels endroits, les photos s’empilent très très vite.